L’argent, la liberté, une histoire du Franc CFA – Critique par Gbenato Carolle

Il était une fois, la France-Afrique

« L’argent, la liberté, une histoire du Franc CFA », le film documentaire de Katy Léna N’diaye qui dure 1h44 minutes, aborde de manière originale l’histoire de la monnaie qui est utilisée en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale dans les pays francophones pour la plupart et aux Comores et en Guinée équatoriale. Ce film de la réalisatrice franco-sénégalaise lauréate du Best Long Documentary au Festival du Film Africain de Luxor 2020, raconte la France Afrique. 

Dès les premières minutes du long métrage, une voix féminine commence à raconter une histoire. Elle démarre : « J’ai trois ans, peut-être quatre ». Cette voix n’est pas celle d’une petite fille. Dans la suite de la narration, cette même voix dit : « au cours deux dernières décennies, j’ai filmé des hommes et des femmes d’horizons divers penseurs, écrivains, cinéastes, économistes, responsables politiques, paysans… ». Elle fait dialoguer les problèmes économiques avec un ensemble historique et sociologique plus vaste. La question de la création de cette monnaie de l’Afrique francophone est abordée depuis l’abolition de l’esclavage qui a conduit au dédommagement des propriétaires d’esclaves qui ont utilisé cet argent pour créer la Banque du Sénégal. Cette banque est l’ancêtre de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). La création de cette Banque du Sénégal fait suite à l’adoption en France de la loi organique du 11 Juillet 1850 portant création des banques coloniales. La réalisatrice utilise les interviews, les anecdotes et les archives pour parler de la domination des peuples noirs majoritairement francophones. Un ensemble qui concoure à la formation d’un tout cohérent à l’image des fils qui sont utilisés pour tisser un pagne. 

Katy Lena N’diyae et l’Afrique

« Une histoire du Franc CFA » est le quatrième film de Katy Lena N’diyae qui a pris l’habitude de traiter de sujets qui touchent les sociétés africaines depuis son premier film consacré aux femmes de la ville de Tiébélé du Burkina Faso, sorti en 2003. L’Afrique est restée au cœur de chaque film de la réalisatrice franco-sénégalaise qui parcoure plusieurs pays africains et d’Europe avec sa caméra, à la recherche de sujets de société et/ ou politique qui affectent des vies humaines. Elle a utilisé chacun de ses cinq films pour raconter le présent et le passé des africains. Les liens politiques, économiques et historiques entre l’Afrique et l’Europe sont tels qu’il n’est pas possible de faire un travail de recherche sur l’un sans aborder les interactions avec l’autre. L’aisance qu’on remarque à la réalisatrice dans son film consacré au FCFA est surement dû à une continuité dans le travail de recherche sur l’Afrique. Le troisième film documentaire de Katy N’diaye intitulé « On a le temps pour nous », sorti en 2018 a été consacré à la chute de Blaise Compaoré au Burkina Faso. Lorsque quelques années plus tard, elle réalise un autre documentaire sur le Franc CFA en faisant intervenir des acteurs clés de la France Afrique. On a l’impression que ses différents documentaires sont des chapitres d’un seul et même livre. Il faut surtout remarquer que le film « une histoire du Franc CFA » sort dans contexte particulier. Les Etats membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait prévu la mise en circulation d’une monnaie commune aux Etats membres. Ladite monnaie nommée « Eco » viendrait ainsi remplacer le Franc CFA dans les pays Ouest africains dès la fin de l’année 2020.

C’est d’ailleurs la qualité de ce travail qui explique que l’émission « Le monde en Doc » lui a consacré un numéro sur la chaîne française Public Sénat (qui a cofinancé la production du documentaire), avec plusieurs experts qui ont qualifié le documentaire de « documentaire à charge » contre le Franc CFA sans pouvoir remettre en cause la véracité des faits exposés dans le documentaire.

Festival international du documentaire Sud-Africain Encounters

Regardez le film au festival international du documentaire Encounters South African:

http://encounters.co.za/

Auteur

Cette critique a été produite dans le cadre du programme Talent Press, une initiative de Talents Durban en collaboration avec le Durban FilmMart (DFM). Les avis exprimés dans cet article n’engagent que l’auteure (Gbenato Carolle TONOUKOUEN ) et ne sauraient être considérés comme constituant une prise de position officielle des organisateurs.

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